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Gérer sa trésorerie, pour éviter la panne sèche
A quoi sert la trésorerie ?
Le suivi de la trésorerie fait partie du panel d'outils disponibles de suivi économique et financier d'une entreprise. Contrairement à certains outils (analyse de la rentabilité, fond de roulement, marge,…) qui peuvent parfois sembler complexes et/ou abstraits, la trésorerie, elle, est bien concrète.
Il s'agit tout simplement de l'argent dont dispose une entreprise pour fonctionner au quotidien, son ''carburant'' en quelque sorte. Donc, tout comme un conducteur surveille la jauge du réservoir, le chef d'entreprise doit suivre de près l'évolution de sa trésorerie. Il doit savoir en maîtriser et anticiper les variations.
Anticiper les besoins : le budget de trésorerie
Gérer sa trésorerie n'est pas de tout repos, mais c'est un élément déterminant dans la bonne conduite et la bonne santé de l'entreprise. En effet, faire attention, ce n'est pas juste regarder chaque matin le solde du compte de l'entreprise pour voir quelles factures vont pouvoir être réglées. Gérer les excédents et les déficits de trésorerie ne s'improvise pas, il faut anticiper.
Un budget de trésorerie synthétisant les sorties et entrées prévues est donc un outil de suivi essentiel. Il existe quelques principes à respecter pour en faire un outil efficace et opérationnel :
- adaptez sa périodicité à celle de votre activité : annuelle pour un céréalier, mensuelle ou hebdomadaire pour un commerçant ou un restaurateur
- concentrez-vous sur les principales entrées et sorties, ne vous attardez pas plus que nécessaire sur les petites dépenses
- actualisez le régulièrement.
Vos activités évoluent, vos besoins de trésorerie aussi !
Dans un contexte de plus en plus évolutif et volatil, chaque entreprise doit adapter son fonctionnement et ses activités pour saisir les opportunités et faire face aux difficultés.
Or, dans un projet de création ou de développement d'une activité, les investissements à réaliser et la rentabilité prévisionnelle sont toujours étudiés mais plus rarement les besoins de trésorerie.
Exemple : Un éleveur allaitant qui possède un troupeau de 50 vaches veut passer à 80 vaches sans acheter d'animaux à l'extérieur.
L'augmentation des effectifs va s'étaler sur plusieurs années et impacter fortement sa trésorerie : moins de ventes d'animaux, plus de charges opérationnelles (alimentation, frais vétérinaires, prestations,…).
Pour la réussite du projet, il est essentiel d'estimer l'évolution de son besoin en fonds de roulement afin de mettre en place un financement adapté.
Parfois même, une modification dans le mode d’approvisionnement ou de commercialisation qui peut sembler mineur aura un impact fort sur la trésorerie de l'entreprise.
Exemple : Un viticulteur vend toute sa production en vin dans les mois qui suivent la récolte pour environ 200 k€. Ses dépenses sont régulières : 120 k€ de frais d'exploitation, 25 k€ d'annuités et 25 k€ de prélèvements. Il dégage donc un excédent de trésorerie de 30 k€.
En 2014, il signe un contrat pour vendre 50 % de sa récolte sous forme d'eaux-de-vie vieillies à 2 ans afin d'améliorer sa rentabilité. Ses ventes sur 2014 et 2015 s'élèvent donc à 100 k€ avec des charges supérieures du fait des frais de distillation. Le déficit de trésorerie sera d'environ 90 k€/an.
Des solutions existent (modification des écoulements par paliers, mise en place de warrants, révision des encours bancaires) mais encore faut-il avoir anticipé pour pouvoir négocier ses solutions en amont et s'assurer que les échéances concordent avec les règlements, puis veiller à ce que la trésorerie soit utilisée conformément à ce qui aura été prévu.
On voit qu'une entreprise rentable, et en développement, peut aussi être confrontée à des difficultés financières. Autrement dit, il est possible d'avoir du résultat sans trésorerie (le contraire est également vrai !). La gestion de la trésorerie n'est donc pas une préoccupation réservée aux entreprises en difficultés.
Pouvoir négocier pour éviter les difficultés...
Lorsqu'un nouveau besoin en trésorerie apparaît, différents leviers financiers peuvent être mobilisés pour y faire face :
- échelonnement des règlements fournisseurs,
- financement bancaire,
- acompte/avance clients,….
Toutefois, la négociation est facilitée si le besoin a été identifié en amont. Les organismes bancaires sont généralement plus disposés à mettre en place un financement lorsqu'ils sont sollicités avant que lorsqu'ils se retrouvent devant le fait accompli.
De plus, le financement pourra être adapté au mieux en fonction des besoins de l'entreprise (ouverture de crédit, court terme de campagne, warrant, prêt de fond de roulement, consolidation,…).
Il en est de même avec les autres partenaires de l'entreprise, et notamment les fournisseurs. Il est plus aisé de prévoir un échelonnement pour le règlement d'une facture dès la commande, que lorsqu’il arrive une relance pour « impayé ».
En l'absence d'anticipation, une entreprise peut se retrouver brutalement en défaut de paiement et/ou en interdit bancaire. Elle n'a alors souvent d'autre choix que de s'engager dans une procédure juridique (conciliation ou procédure collective) qui va pénaliser durablement son fonctionnement.
… ou ne pas laisser l'argent ''dormir''.
L'anticipation est aussi de mise pour gérer au mieux les excédents de trésorerie. Même si cet excédent est limité et disponible seulement quelques mois, il n'est pas nécessaire de le laisser dormir !
Exemple : Un céréalier produit surtout des cultures d'hiver (céréales à paille, colza ...) et vend tout à la récolte. Il encaisse donc la majorité de ses recettes en une fois. Même consommée progressivement par les achats de la campagne suivante, cette trésorerie peut être valorisée au travers de produits adaptés.